dimanche 5 mars 2017 Littérature

1791 - Une Princesse en fuite - Gwenaële Barussaud

20 juin 1791 : Marie-Thérèse, fille aînée de Louis XVI, roi de France, reçoit de sa mère Marie-Antoinette la consigne de quitter sa chambre le soir-même pour rejoindre son frère et sa gouvernante…
C’est le début d’une fuite effrénée au cours de laquelle Marie-Thérèse et sa famille voyageront incognito vers la frontière. Tandis qu’ils oscillent entre mouvements de panique et flambées d’espoir, Marie-Thérèse se rappelle son enfance fastueuse à Versailles et ses premières terreurs de jeune fille de 11 ans en 1789.
Le voyage est long, rien ne s’y passe comme prévu, et l’on se prend à espérer comme l’héroïne, un enchaînement moins tragique.

Gwenaële Barussaud

Gwenaëlle Barussaud se présente sur son site : "Quand elle était pensionnaire à la Légion d’Honneur, Gwenaële Barussaud dormait dans un immense dortoir avec plus de cent autres élèves. Comme on éteignait les lumières beaucoup trop tôt à son goût, elle avait tout le loisir de penser au destin de celles qui l’avaient précédée entre les murs de cette pension. Les yeux fixés sur les voûtes de pierre, elle imaginait que ces demoiselles s’appelaient Héloïse, Blanche ou Léonie et que, sans doute, elles aussi rêvaient d’une vie heureuse et héroïque.

Vingt ans plus tard, la machine à remonter le temps n’ayant toujours pas été inventée, Gwenaële Barussaud a pris la plume pour aller à la rencontre des Demoiselles de l’Empire. Depuis qu’elle a découvert que l’écriture était le meilleur moyen de voyager à travers les siècles, elle plonge du XVIIème au XIXème siècle, revenant toujours à Napoléon. Heureusement, ses quatres filles et ses 90 lycéens se chargent de la ramener dans notre époque !"

Elle est aussi l'auteure des séries Les Demoiselles de l’Empire, Les Aventurières du Nouveau Monde,et Les Lumières de Paris.

(source : Babelio)

Marie-Thérèse, une princesse au destin tragique

L'année dernière, je lisais et redécouvrais le destin sacrifié de cette jeune princesse, première née de Louis XVI et de Marie-Antoinette dans Mousseline la Sérieuse de Sylvie Yvert. En effet, Marie-Thérèse de France a seulement 11 ans lorsque les troubles de la Révolution Française éclate en 1789. (Son petit frère le Dauphin Louis-Charles, lui, n'a que 4 ans.)

Aujourd'hui, je découvre la princesse au travers de 1791, Une Princesse en fuite, un roman historique jeunesse de Gwenaële Barussaud.
L'auteure a choisi d'axer son intrigue autour d'un épisode précis : la fuite de Varennes.
Cette fuite qui coûtera si cher à la famille royale...
Le récit se déroule sur un laps de temps très court, à peine quelques jours. Le lecteur suit le périple à travers le regard et les ressentis de Marie-Thérèse. Entre peur, courage, révolte, la petite Princesse essaie de lutter et de rester digne face à des forces qui la dépassent. Et elle le sait.

"C'est donc ça, la liberté ? Cette sensation grisante, ce souffle puissant qui vous envahit la poitrine et vous rendrait capable de toutes les audaces. Un instant, elle songe au peuple français sous les fenêtres de Versailles. "Liberté ! criait-il. Liberté !" Et elle comprend que ce mot de liberté dont on a abreuvé le peuple est de nature à vous enivrer. Il vous donne quelque chose qui ressemble au courage, quelque chose de puissant et d'invincible. Soudain, elle a le vertige. On dit que la liberté en marche ne s'arrête jamais. Jusqu'où mènera-t-elle le peuple français "

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Le contexte de la fuite de Varennes

La fuite manquée des 20 et 21 juin 1791 — plus connue sous le nom de fuite de Varennes — est un épisode important de la Révolution française, au cours duquel le roi de France Louis XVI, sa femme Marie-Antoinette, et leur famille immédiate (Madame Elisabeth, soeur du Roi, Marie-Thérèse et Louis-Charles) décidèrent de rejoindre le bastion royaliste de Montmédy, à partir duquel le roi espérait lancer une Contre-révolution.

L'objectif consistait à rallier discrètement la place forte de Montmédy, pour y rejoindre le marquis de Bouillé, général en chef des troupes de la Meuse, Sarre et Moselle, coorganisateur du plan d’évasion et soutien fidèle de la Couronne avec le duc de Choiseul. Malheureusement, une série de mauvaises applications de ce plan transformera cette tentative en échec. (Retard sur l'horaire, troupes de soutien absentes, etc)

Cette fuite a été pensée et organisée suite à la mort de Mirabeau en Avril 1791 puis aux « Pâques inconstitutionnelles ». Les premières traces attestées de la préparation de la fuite datent de septembre 1790.

Une jeune héroïne prise dans la tourmente

Ce qui est différent du roman de Sylvie Yvert lors de la lecture, c'est l'empathie beaucoup plus prononcée qu'éprouve le lecteur pour la jeune princesse. En effet, celui-ci ressent de plein fouet toutes les émotions de Marie-Thérèse. Evidement, le lectorat de par son âge et sa cible n'est pas du tout le même. Pourtant l'intensité du drame qui se joue sous nos yeux est identique.
On a peur, on espère, on lutte et on aime avec Marie-Thérèse. On est Marie-Thérèse. Et grâce à ce procédé, on découvre en Marie-Antoinette une maman et une reine digne dans l'adversité, et en Louis XVI, un roi, certes débordé par tout cela, mais aussi un père aimant. Marie-Thérèse partage avec nous ses souvenirs, comme lorsqu'elle allait se promener avec son papa jusqu'à la ménagerie de Versailles et que celui-ci lui racontait des anecdotes sur les animaux.
On adope naturellement les sentiments de Marie-Thérèse pour ses parents, ce soutien muet mais plein de force qu'elle leur apporte. Bien qu'encore très jeune, elle comprend les enjeux de cette fuite.
Malgré cet amour, elle discerne aussi que cet état de fait qu'est la royauté a atteint ses limites et qu'une force inconnue jusqu'à là va les balayer.

Toutefois, ce n'est pas une héroïne bardée dans une armure de courage et d'abnégation et lorsqu'elle entend ses parents insultés, elle a honte et elle est vraiment malheureuse. De plus, la violence qui se déchaîne autour d'elle, qu'elle soit physique ou verbale, laisse des traces indéniables sur son jeune esprit.

"Elle souffre de voir sa mère malheureuse et son père insulté. Mais tout de même, fuir, ce n'est pas digne d'un roi. En elle, un mélange de sang Bourbon et de sang Habsbourg bouillonne. Un roi sans royaume, qu'est-ce que c'est ? Et à quoi peut bien ressembler un royaume sans roi ? Est-ce que son père abandonnerait la France ?"

Il faut dire que voir des têtes coupées à 11 ans, c'est pas terrible !
D'ailleurs, je trouve que c'est une lecture plutôt dure, pas au niveau du lexique (qui est quand même élevé) mais au niveau historique et narratif pour un lectorat de 11 ans et plus qui pourra se sentir extrêment proche d'une héroïne du même âge. Il est fort possible que cela soit adapté, mais j'avoue avoir eu beaucoup d'empathie pour cette petite princesse en tant qu'adulte. Et la plume de Gwenaële Barussaud réussi très bien à imerger le lecteur dans une intimité royale et donc à faire vivre tout le tragique de ces instants. Alors pour un enfant... ?

1791, Une Princesse en fuite a été une très belle lecture, mettant en lumière cette échappée si folle et tragique. Ce roman focus permet de faire découvrir la royauté et la Révolution Française à travers une approche très différente des livres d'histoire et des manuels scolaires grâce au personnage de la princesse Marie-Thérèse emportée et ballotée par la tourmente d'une époque en pleine mutation.

Un excellent roman pour découvrir et apprendre les dessous de l'histoire de France !

 

 

Titre ; 1791 - Une princesse en fuite par Barussaud1791, Une Princesse en fuite

Auteure : Gwenaële Barussaud

Editions : Scrineo

Illustratrice : Adèle Silly

Nombre de page : 160pages

ISBN : 978-2-36740-475-2

Age : 11ans et +