jeudi 25 février 2016 Littérature

Mousseline la Sérieuse - Sylvie Yvert

Afficher l'image d'origineVenise, 1850. La duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, entreprend, au couchant de sa vie, de raconter la singulière histoire qui est la sienne. Née en 1778, la jeune princesse mène une enfance heureuse au château de Versailles. Mais le 14 juillet 1789, son univers bascule dans les ténèbres de la nuit révolutionnaire. Commence alors pour Marie-Thérèse Charlotte de France un parcours tragique. Son père, sa mère, sa tante sont décapités ; son dernier frère, Louis XVII, meurt peu après. Unique survivante du Temple, son avenir sera ponctué de deuils, d’exils et de trop éphémères bonheurs.

Attention, âmes sensibles, ce roman peut heurter. (Si vous avez des soucis avec le réalisme des têtes coupées et les horreurs de cette époque.)

Quelques dates pour se repérer

17 juin 1789  Les États généraux, ouverts depuis le 5 mai, se constituent en Assemblée nationale.

14 juillet 1789  Prise de la Bastille.

4 août 1789  Abolition des privilèges.

26 août 1789  Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Juillet 1790  Vote de la Constitution civile du clergé (le 12) ; fête de la Fédération (le 14).

20-21 juin 1791  Fuite du roi et arrestation à Varennes.

Afficher l'image d'origine

3 septembre 1791  Vote de la Première Constitution française.

10 août 1792  Prise des Tuileries : chute de la royauté.

21 janvier 1793  Exécution de Louis XVI.

16 octobre 1793 Exécution de Marie-Antoinette.

Décembre 1795 Libération de Mousseline et départ pour l'Autriche.

19 Octobre 1851 Mort à 72 ans en Autriche

Mousseline, la dernière héritière des Bourbons

Marie-Thérèse Charlotte surnommée Mousseline la Sérieuse n'a pas eu de chance. Née à l'orée de grands bouleversements politiques et sociaux, elle se retrouve otage de l'Histoire. Dernière princesse de la dynastie des Bourbons, ce roman retrace son histoire et l'une des périodes les plus sombres de l'Histoire française. Pourtant tout au long de sa vie, elle rejettera cette image d'icône tragique, qui au lieu de lui apporter du réconfort, lui fera encore plus sentir ses pertes.

Afficher l'image d'origine Mousseline et son petit frère Charles

Marie-Thérèse Charlotte de France (1778-1851), dite "Madame Royale", et son frère le Dauphin Louis Joseph Xavier François (1781-1789) - Détail

Celle que Marie-Antoinette appelait Mousseline la Sérieuse n'était autre que sa fille, devenue la seule survivante parmi les membres de la famille royale enfermés au Temple en 1792 (Louis XVI, Marie-Antoinette, Charles le Dauphin et Élisabeth sœur du Roi). Si l'on connaît parfaitement ce qu'il est advenu de ses parents, le sort des enfants royaux est resté longtemps beaucoup plus opaque.

C'est sur ce constat, que Sylvie Yvert nous livre grâce à une plume pleine de sensibilité et de retenue, les mémoires de cette princesse sacrifiée.

A cheval sur deux siècles, Mousseline va être la témoin de nombreux rebondissements politiques, entre La Terreur, La Convention ou encore l'Empire. Écartelée entre ses idées, son vécu et les différents pays où elle vivra (Autriche, Russie, Angleterre, etc), cette princesse restera l’emblème (bon gré mal gré) de la fin d'une époque. Observée la majeure partie de sa vie, que ce soit lors lors de son emprisonnement à la prison du Temple, où par la suite dans les différentes Cours européennes, aussi bien par ses admirateurs que par ses détracteurs, Madame Royale devient bien malgré elle l’héroïne de poèmes, de chansons, de récits (beaucoup d'écrits romantique comme avec Chateaubriand) et même d'insultes...

Mousseline la Sérieuse, par le biais de la plume de Sylvie Yvert, lève le voile sur sa vie, sa détention et les terribles conséquences qui s'ensuivirent, mais aussi sa libération, début de ses errements de pays en pays, aux côtés de ses oncles Louis XVIII et Charles X, ainsi que de son mari, le Duc d'Angoulême.

Mousseline la Sérieuse est une superbe fresque historique, où Sylvie Yvert nous livre les Mémoires que Marie-Thérèse aurait pu vouloir publier si elle n'avait pas demandé expressément par testament que tous ses écrits soient détruits à sa mort.

Ce roman nous propose un témoignage poignant et presque cru d'une époque en pleine mutation. Entre bouleversements politiques et crises sociales, Mousseline nous confie ses sentiments (son amour pour sa famille, sa tendresse pour ses amies très chères, ses doutes et ses angoisses, etc), mais aussi ses points de vue politiques, n'hésitant pas à s'opposer aux pouvoirs en place et à se battre, sans oublier le Pardon. Pardon pour toutes les atrocités commises. Pardon inculqué et demandé par son père, sa mère et sa tante Élisabeth à l'encontre de tous ceux qui se sont acharnés sur son sort et celui de sa famille.

Tout l’art (et la réussite! ) de l’auteure est de nous parler par la voix de Mousseline. Les mots sont pesés et choisis avec grand soin, adaptés à l’époque, au niveau de sobriété du à son vécu, à la noblesse de cœur et d'esprit de cette princesse ayant reçu une éducation à la mesure des espérances et volontés royales.

Ce roman est très bien écrit. On s’y croirait presque et Mousseline nous semble parfois bien proche ! Une œuvre qui ne peut laisser indifférent.

Dans la même catégorie, vous pouvez aussi lire Le Fleuve Guillotine d'Antoine de Meaux.

Afficher l'image d'origine

Titre : Mousseline la Sérieuse

Auteure : Sylvie Yvert

Éditions : Héloïse d'Ormesson

Nombre de page : 208p