Dans un monde dévasté par les guerres et les catastrophes, les hommes sont coupés les uns des autres par une colère incessante.
À Kuala Lumpur, Spider, un hacker, échappe à de mystérieux ennemis, aidé par des araignées. Seuls survivants de la réserve de Mwanga, Kamili et Ushingi, l’un des derniers okapis, découvrent que l’ultime chance de l’espèce se trouve au cœur de l’Europe en ruines. À Paris, Faustine, trouve l’apaisement auprès des animaux du sanctuaire de Montvermeil. Quand une baleine échoue dans les Eaux, elle comprend que leurs âmes sont liées et que leur chant guérit les hommes de leur rage.
Mais pour combien de temps ? Car les forces lancées sur la piste de Spider s’intéressent de très près à la jeune fille et au cétacé. Et les responsables du carnage de Mwanga n’étaient peut-être pas de simples braconniers.
Zoomancie , subst. fém., occult. ,,Divination au moyen des animaux`` (Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop.).
Animaux, écologie et fin du monde, Adrien Tomas nous parle de Zoomancie
Estelle Hamelin : Zoomancie, doit paraître le 22 août prochain aux éditions Lynks. Quelle a été l’idée à l’origine de ce roman ?
Adrien Tomas : J’ai eu envie de raconter une histoire d’animaux, une histoire de lien entre le monde humain et le monde animal, et de partager un peu de mes expériences professionnelles et personnelles, après avoir travaillé plusieurs années en tant que scientifique en parc zoologique.
Estelle Hamelin : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?
Adrien Tomas : En 2080, Faustine, soigneuse animalière vivant dans un Paris du Tiers-Monde envahi par les eaux, découvre qu’elle possède un lien avec une baleine piégée dans les eaux saumâtres de la Seine. Spider, hacker au service de tueurs à gages justiciers, bénéficie de l’aide d’araignées dans sa fuite éperdue après avoir été repéré par une agence internationale. Kamili, ranger de la réserve de Mwanga, au Congo, se lie avec une jeune femelle okapi. Au fil de leurs histoires entrelacées, ils découvriront le lien qui les unit avec leurs animaux-talisman, et devront tout faire pour les protéger et se protéger eux-mêmes de terribles ennemis.
Estelle Hamelin : Dans Zoomancie, on suit trois adolescents, Faustine, Spider et Kamili, qui entretiennent des liens particulier avec certains animaux. Pouvez-vous nous parler d’eux ?
Adrien Tomas : Faustine est une jeune femme colérique, presque teigneuse, qui défend le bien-être animal et son amoureuse, Léa, avec la même fougue. Elle est grande gueule, spontanée, courageuse et sensible. Spider est plus calculateur, plus posé, plus cynique aussi, tandis que Kamili fait montre de douceur et de sérénité, qui masquent à grand-peine sa profonde angoisse.
Estelle Hamelin : L’un d’eux vous ressemble-t-il plus ? Avez-vous une préférence pour l’un deux ?
Adrien Tomas : Chacun d’eux représente un peu de moi, et en même temps aucun ne me ressemble vraiment. Je les aime tous les trois, avec leurs forces et leurs faiblesses. Si je dois être complètement honnête, je crois que Kamili est celui dont la personnalité est la plus proche de la mienne.
Estelle Hamelin : La Terre est submergée, mais pas totalement coulée… Pourquoi créer un monde apocalyptique ? Est-ce plus facile de parler de certains sujets ? De choquer ou de vouloir faire réagir ?
Adrien Tomas : Oui, il s’agit d’une volonté de montrer ce qui peut, voire va arriver dans les décennies à venir. Il est plus que temps de réaliser pleinement que la planète va mal et de cesser de porter des œillères. Les idées que je développe dans ce roman sont sans doute un peu plus vindicatives, un peu plus rentre-dedans que ce que je prône habituellement, mais c’est notre situation actuelle qui veut ça…
(Photo prise lors des Imaginales 2019)
Estelle Hamelin : Est-ce votre vision du futur ? Est-ce pour cette raison que vous avez souhaitez écrire cette histoire, somme toute, assez cauchemardesque pour l’humanité ?
Adrien Tomas : C’est à mon avis un futur possible, oui. A moins d’un changement radical de la manière dont se comporte l’humanité (auquel je crois de moins en moins) ou d’un développement technologie important permettant de contrer les principaux problèmes auxquels nous faisons face (auquel j’ai envie de croire, mais s’il arrive, il arrivera trop tard pour des millions de personnes et d’espèces animales et végétales).
Estelle Hamelin : Zoomancie, c’est aussi une touche d’espoir ! Pensez-vous que tout n’est pas perdu ?
Adrien Tomas : C’est un espoir peut-être irrationnel, mais j’espère que la reconnexion à la nature, la compréhension réelle et non fantasmée des écosystèmes et des cycles de vie, par la majeure partie de l’humanité pourrait permettre d’améliorer un peu nos chances. C’est l’image que j’ai développée à travers les zoomanciens, capables de se connecter intimement à des animaux, si proches de nous et si lointains à la fois, pour mieux les comprendre et percevoir les avantages qui existent à les avoir dans nos vies.
Estelle Hamelin : Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ? Littéraires, cinématographiques ? Je pense notamment à la série Utopia.
Adrien Tomas : Pour le coup, pas du tout. Contrairement à d’autres de mes romans, c’est une histoire fondamentalement personnelle, basée en bonne partie sur mes réflexions, mes expériences et mes connaissances. Le reste, je l’ai laissé à mon imagination…
Estelle Hamelin : Cette année est l’année du changement. Côté écriture, nous avons pu découvrir l’intrigue steampunk d’Engrenages et Sortilèges aux éditions Rageot et maintenant du post-apo young-adult (jeunesse) avec Zoomancie chez Lynks. Vous en aviez assez de la fantasy du Sixième Royaume ?
Adrien Tomas : J’ai eu envie de changement, oui, comme ça m’est déjà arrivé en 2014 quand j’ai écrit Notre-Dame des Loups entre deux romans des Six Royaumes. J’ai eu envie de m’adresser à un public peut-être plus jeune, et j’ai eu la chance de tomber sur des éditeurs prêts à me donner cette chance. Mais je n’abandonne pas pour autant la fantasy adulte, ni les Six Royaumes ! La preuve : à la fin de l’année sortira un nouveau roman des Six Royaumes brillamment illustré par Dogan Oztel…
Estelle Hamelin : Y-a-t-il les mêmes contraintes d’écriture en fonction des genres ? Des âges des lecteurs ?
Adrien Tomas : La seule contrainte qu’on m’ait imposée a été de donner un âge jeune à mes protagonistes. Grise et Cyrus ont 15 ans, Faustine, Kamili et Spider entre 18 et 21. En dehors de ça, je ne me suis pas réprimé vis-à-vis de ma manière d’écrire ou mon vocabulaire, ni n’ai changé ma manière de raconter des histoires ou créer des mondes aussi solides que possible. Je suis parti du principe qu’à 13 ans, je lisais des bouquins écrits à la base pour un public adulte, et que je comprenais quand même très bien : j’ai simplement appliqué le même principe.
Estelle Hamelin : En préférez-vous l’un plus que les autres ?
Adrien Tomas : Comme je n’ai pas vraiment changé de manière d’écrire, je n’ai pas de réponse claire à cette question…
Estelle Hamelin : Et au fait… De quoi parle Engrenages et Sortilèges ? Roman qui a remporté le prix Babelio 2019 dans la catégorie jeunesse, si je ne m’abuse.
Adrien Tomas : Engrenages et Sortilèges raconte l’histoire de Grise, jeune mécanicienne, et Cyrus, apprenti mage, étudiant tous les deux dans la prestigieuse Académie des Sciences Occultes et Mécaniques de Celumbre. Rivaux à l’école, ils vont devoir apprendre à s’allier quand quatre individus s’infiltrent dans leurs dortoirs pour tenter de les enlever à la faveur de la nuit. Parvenant de justesse à s’échapper, ils s’enfuient dans les Rets, quartiers sordides aux mains des voleurs et des assassins de l’Arachnide, la mythique reine du crime, à laquelle ils vont devoir demander sa protection…
Estelle Hamelin : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Adrien Tomas : Je termine en ce moment un roman mélangeant polar, récit de famille et urban fantasy, basé sur le personnage de Tia Morcese, déjà apparue dans deux nouvelles en 2015. Les corrections du roman graphique des Six Royaumes sont presque achevées, me permettant de me concentrer sur un nouveau roman de fantasy steampunk, dans l’univers d’Engrenages et Sortilèges, qui devrait sortir en 2020 aux éditions Mnémos. Et sinon, d’autres projets avec les éditions Rageot, mais pour le moment je garde le secret… Sauf pour dire que ça devrait être cool !
Estelle Hamelin : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Adrien Tomas : Le 11 juillet prochain, je serai à la médiathèque Parnasse de Saint-Louis pour une masterclass d’écriture réservée aux adolescents, sur le thème d’Engrenages et Sortilèges. Ensuite, je serai normalement au Livre dans la Boucle à Besançon et aux Aventuriales à Ménétrol en septembre, aux Halliennales près de Lille et au festival Autres Mondes de Lambesc en octobre, et au Salon pour la Jeunesse de Montreuil en novembre.
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