Au delà des étoiles, il y a le Pays Imaginaire...
« – Tu pleures ?
Les montagnes sont bleues derrière ses yeux. Une couleur de pluie passée qui regarde, une fois au sol, le souvenir amer de son nuage.
– Peter, répète-t-elle, tu pleures ? »
Offrant une nouvelle vision du personnage, complémentaire et à la fois détachée de celle imaginée par James M. Barrie, Michael Roch revisite le mythe du garçon qui ne veut pas grandir.
Moi, Peter Pan est un roman contemplatif, onirique et d’une poésie saisissante à lire en empruntant le chemin vers la deuxième étoile à droite avant de filer tout droit jusqu’au matin…
Michael Roch et La Brigade du livre
Derrière Michael Roch se cache un écrivain et le célèbre youtubeur de La Brigade du Livre !
Vous connaissez ?
Michael Roch est chroniqueur et l’un des prescripteurs les plus suivis des littératures de l’imaginaire via sa chaine YouTube qu’il a co-créée : La Brigade du Livre.
Côté écriture, Michael Roch a vu ses premières œuvres publiées dans divers fanzines fantastiques et horrifques avant d’intégrer les éditions Walrus, célèbres sur Internet pour leurs romans Pulp.
(Le Pulp en littérature vient de l'abréviation de « pulp magazine », publication peu coûteuse et format très populaire aux États-Unis durant la première moitié du XXe siècle.)
En 2016, il publie Les Vicariants, au Peuple de Mü, avec, entre autres, Alfred Boudry, avec qui il a souvent collaboré. Il revient en 2017 avec un roman personnel et onirique : Moi, Peter Pan.
Peter Pan - En route vers les étoiles !
"- Moi, tu vois, c'est Pan. Avant, c'était Peter. Et parfois, je me dis que je n'ai pas d'autres moyens de franchir la vie qu'en la traversant en m'élançant comme au départ d'un cent mètres. Tu as un problème, dépasse le. Si tu n'as pas de nom, trouves-en un. Fais le briller comme si l'Univers entier était en toi. Cajole-le jusqu'à ce qu'il te représente, toi, et qu'il soit celui que tu veux devenir, celui que tu veux être au jour le jour." Moi, Peter Pan
Peter Pan, le héros de James Barrie
Peter Pan est un personnage créé par l'auteur écossais J. M. Barrie, apparu pour la première fois dans le roman The Little White Bird (Le Petit Oiseau Blanc) en 1902, puis dans la pièce de théâtre du même nom et enfin dans le roman Peter and Wendy, plus connu sous le titre Peter Pan.
J. M. Barrie a créé Peter Pan en racontant des histoires aux fils de son amie Sylvia Llewelyn Davies, avec laquelle il entretenait une forte amitié. Amitiè très controversée et sujette à de nombreux scandales largement dû aux écarts supposés ou avérés de monsieur Barrie vis à vis des fils de son amie.
Peter Pan aborde de nombreux thèmes, dont la mort et la thanatophobie, raison de la volonté de Peter de ne pas grandir, l'oubli ou encore l'eveil à la sexualité au travers des figures féminines (Wendy, la Fée Clochette).
De plus, ce récit met aussi en scène, et c'est l'une des premières fois dans l'histoire de la littérature, un franchissement de la barrière de la fiction. En effet, ce franchissement peut à la fois illustrer deux processus de la lecture, celui où le lecteur peut s'identifier au héros d'une histoire et avoir le sentiment de rentrer à l’intérieur du livre, mais aussi celui d'une métaphore de la difficulté de l'auteur à quitter ce monde merveilleux et à ne pas se laisser dominer par lui. Ce monde apparaît véritablement dominé par l'enfance. Le personnage de Peter Pan est très complexe et possède différents niveaux de lecture et de compréhension. (Je vous en parlerais bien, mais cela rendrait l'article extrêmement long !)
A noter qu'en médecine, le syndrome de Peter Pan tire justement son nom du refus conjoint de mûrir en s'insérant dans le monde des adultes, perçu comme trop conventionnel et de reconnaître le caractère fictif et enfantin des êtres peuplant l'imaginaire de l'enfance.
Moi, Peter Pan ! Où la poésie se colore de nostalgie
Une couverture presque monochrome induirait un monde monochrome ? Que nenni !
Moi, Peter Pan est un mélange des douces couleurs de la nostalgie, des couleurs folles de l'espoir et du futur, de celles en demi-teintes des questions et des regrets... Bref, Moi, Peter Pan est un véritable tableau aux mille et une nuances de la vie.
Michael Roch utilise les mots tel un peintre ses couleurs, ajoutant une touche de jaune par là, tandis qu'un bleu outremer s'entremêle à un vert profond. C'est ainsi que je ressens Moi, Peter Pan, un roman onirique tissé de poésie. Un roman qui, lorsqu'on le referme, nous oblige à fermer les yeux, à rêver et... A nous souvenir. Pas de quelque chose en particulier ! Non. Mais de sentiments, de sensations. Souvent des moments heureux, mais qu'on le regarde maintenant avec tendresse et une pointe de tristesse.
On est bien loin du Peter Pan de James Matthew Barrie ou de la version de Disney. Ici, tout est plus nuancé. Au Pays Imaginaire, les gamins aux têtes pleines de poux et aux ventres gargouillant de bestioles qui grattouillent, vivent sous la houlette de Peter Pan, qui lui même a bien changé depuis le départ de Wendy. Le temps est passé, inéxorable.
L'auteur aborde des thèmes qui touche tout un chacun, évoquant nos peurs profondes : l'abandon, la solitude, l'oubli, la peur de la vie, la peur de ce qu'elle nous réserve et bien sûr, celle de mourrir. Michael Roch a rendu Peter Pan plus mâture, plus abîmé, mais aussi plus conscient du monde et du temps, le rendant ainsi beaucoup plus proche des "dangers" contre lesquels il a toujours lutté.
On se retrouve à avoir envie de le protéger, de lui dire que tout va bien et surtout de le serrer fort contre soi pour le rassurer. La cocabane n'étant qu'un rempart bien mince pour s'abriter. Pourtant, il y a toujours de la magie au Pays Imaginaire !
"A peine tirés de leur sommeil, les garnements de misère me présentent leurs coiffes, papillons éphémères qui ne dureront pas plus d'une journée. Je contrôle la présence de poux, j'étudie la forme de leurs rêves, je tâte la texture de leurs souhaits. Je demande poliment d'abord, puis je rajuste la barbe à papa qui leur sert de cheveux en détachant avec délicatesse le surplus filandreux qui leur servira de petit déjeuner.
Une fois coiffés et repus par leurs propres idées, je les envoie inventer leurs jeux ailleurs, partout et tout autour, car, au Pays Imaginaire, on a toujours le temps de créer quelque chose de neuf, ou de beau, et de croire en la magie des commencements. Surtout le matin." Moi, Peter Pan
Une magie intrinsèque, une magie qui fait rêver et qui construit des lendemain teintés de joie, d'espoir et d'idées folles !
Vous l'aurez compris, Moi, Peter Pan est un roman plein de rêves et de poésie. (Où un rêve plein de roman ?)
C'est beau et poignant. Ça scintille comme le soleil jouant à travers des gouttes d'eau, un sentiment triste et heureux à la fois. Moi, Peter Pan, c'est tout ça !
Ce superbe récit est proposé dans le très joli écrin de son illustration par Fanny Liabeuf. Noir et lègèrement brillant tel un galet que les vagues de la Baie des Sirènes se feraient un plaisir de lécher de leurs remous.
Dans la presse, vous pouvez retrouver le très bon article de Culture Box.
Tandis qu'en littérature, je vous invite à découvrir une Autobiographie Rêvée de de Daniel Simon. (chronique à venir)
Si la chronique vous a plus, n'hésitez pas à la partager et à la commenter !
Auteur : Michael Roch
Editeur : Le Peuple de Mü
Illustrateur : Fanny Liabeuf - The art of Naïki
Nombre de page : 136p
ISBN papier : 979-10-92961-60-7
Sortie : 22 février 2017
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