Avec :
- Sophie Jomain (Félicity Atcock),
- Alice Scarling (Requiem pour Sascha),
- Jeanne-A Debat (Alouette, Métaphysique du Vampire, l’Héritière),
- Marika Gallman (Maeve Regan),
- David S. Khara(Les Vestiges de l'aube).
- Modération : Jérôme Vincent
Voici le compte-rendu de la table ronde autour de Vampires des Villes, Vampires des Champs qui a lieu lors du Salon du Vampire 2016.
Ecrivant rapidement, certaines tournures de phrase ne sont pas exactement celles qui ont été prononcées par leur auteur. Toutefois, le sens n’en est pas altéré.
Jérôme Vincent : Bonjour à toutes et tous ! Pour cette table ronde, nous allons aborder le thème « Vampires des Villes, Vampires des Champs ». On va s’interroger sur comment les villes et villages influencent sur la vie de nos vampires. On va commencer avec la présentation des livres de chacun d’entre vous.
Qui commence ?
Marika Gallman : Mes vampires réagissent au soleil mais c’est tout. Ils ne brillent pas, ils ne craignent pas l’ail ou les croix. Le vampirisme est une malédiction, ils n’ont donc pas les caractéristiques habituelles des vampires. Ils sont dans un milieu urbain, qui n’est ni une petite ville Suisse, ni une grande métropole. Ça se passe dans une ville « type ».
Avant, ma vie était simple : l'université si j'en avais envie, les hommes quand j'en avais envie. Et je n'avais aucun problème qu'un barman ne puisse m'aider à résoudre.
Mais là, depuis un moment, rien ne va plus.
Le type sexy qui me draguait a rendu son déjeuner quand on a voulu concrétiser.
J'ai cassé le nez du copain de ma meilleure amie, et elle ne l'a pas très bien pris. Lui non plus, d'ailleurs.
Ensuite, je me suis mise à faire des cauchemars.
Et tout ça, c'était avant qu'une bande de vampires décide de redécorer mon appart et qu'un colosse me kidnappe.
Quand je vous dis que ce n'est pas ma semaine... (Résumé de Maeve Regan)
Sophie Jomain : Bath n’est pas une si petite ville, il a environ 40 000 habitants. J’ai choisi Bath en l’Angleterre, car c’était une ville entourée de campagne avec qui j’ai une certaine affinité. J’aime le contraste ville/campagne. J’ai eu envie malgré tout de faire un vampire cliché. Je ne me prive pas non plus de faire de « l’humour de marché ». Il faut dire que c’est des buveurs de sang qui ont la gaule tout le temps ! (dixit l’auteure.)
J’ai vraiment pas de bol, il aura suffit d’une morsure, d’une seule, pour que je me retrouve embarquée dans une histoire sans queue ni tête. Je ne sais pas exactement comment ça a commencé, et je ne sais pas non plus de quelle manière tout cela va finir. Quoi qu’il en soit, celui qui fera en sorte que les jeunes vampires arrêtent de s’enterrer dans mon jardin, sera mon héros. Et si en plus il est beau, riche et intelligent, je ne me plaindrai pas ! Je veux retrouver ma vie d’avant, tranquille et… ennuyeuse à mourir. »
Sauf qu’en voulant éloigner les ennuis, il arrive qu’on en attire d’autres… à plumes. (Résumé de Felicity Atcock))
Alice Scarling : Mon héroïne découvre comment tuer des vampires, puis dresse une liste où elle coche les caractéristiques qui les tuent. La fameuse checklist du vampire. Mes vampires vivent à Paris, même si ils n’en sont pas originaires. Le Maître des vampires d’un personnage historique serbe que j’ai fait survivre à une bataille. C’est un peu Minus et Cortex dans son cas, vu qu’il veut conquérir le monde.
Sous ses apparences de jeune femme bien dans sa peau, Sascha dissimule de lourds secrets. Orpheline, elle ignore tout de ses origines et surtout d'où lui vient son pouvoir étrange : elle peut posséder les gens d'un simple contact, qui lui suffit à échanger de corps. Elle s'en sert pour voler et traquer les vampires qui ont massacré sa famille adoptive. Jusqu'au jour où elle rencontre Raphaël. Immunisé à son pouvoir (et à ses charmes), le mystérieux jeune homme va lui donner les moyens de sa vengeance... au risque de la conduire à sa perte. (Résumé de Requiem pour Sascha)
Jeanne-A Debat : Personnellement, j’ai choisi Paris. Mon héros, Navarre, aime la ville. C’est un vampire classique. Pour la croix, l’ail, l’eau bénite… Il faut faire attention, les vampires sont des petites choses fragiles et le Vatican a la propagande efficace ! Son but dans la vie : le vin, le sexe et les amis !
Raphaël est un drôle de vampire. Non seulement il est vieux et immortel, mais il entretient un rapport ambigu avec le Vatican. Pour tout dire, il travaille en sous-main pour lui... comme espion assassin. Avec ses dons de vision, ses capacités surnaturelles, il ne peut être qu'un agent hors normes ! Et, voici qu'il se rend au Brésil, mis sur la trace d'une autre créature de la nuit dangereuse, qu'il doit capturer... ou éliminer. Accompagné d'un prêtre, Ignacio, et d'une vampire, Dana, le voici embarqué dans une sombre aventure où la moindre erreur de jugement peut se révéler fatale. Mais Raphaël pense. Lui. (Résumé de Métaphysique du Vampire)
David S. Khara : De mon côté, c’est aussi un vampire urbain, à Manhattan plus précisément, car il y a une architecture éclectique : églises, buildings, sous-sols et aussi une évolution démographique intéressante. Entre Gueret au fin fond de la Creuse et Manhattan, les disparitions se voient moins dans un cas que dans l’autre ! Par contre, mon héros ne baise pas, il s’en moque. Pour lui, le vampirisme, c’est fait pour avoir mal et faire du mal. Je remarque que je suis le seul homme et que seul mon héros n’est pas attiré par le sexe !
Depuis les attentats du 11 septembre, Barry Donovan est dévoré par le désespoir. Et ce n’est pas son métier de flic, dans un New York accablé par la criminalité, qui lui remonte le moral.
Son seul réconfort : les conversations virtuelles qu’il entretient chaque soir avec un certain Werner Von Lowinsky, aristocrate cultivé et apaisant. Peu à peu, sans s’être jamais rencontrés, ils deviennent amis, se confiant leurs préoccupations les plus secrètes, échangeant sur les sujets les plus intimes.
Mais Barry ignore encore que Werner n'est pas un homme comme les autres... (Résumé de Les Vestiges de l'Aube)
Des collines de Virginie au cœur de Manhattan, de la guerre de Sécession au XXIe siècle, des flics aux vampires, David S. Khara prouve ici qu’il a trouvé sa voie.
Marika : Mes vampires ont le cœur qui bat puisqu’ils ont des érections. Histoire de rebondir sur le romantisme de David. (rires)
Jeanne-A : Quand je parle de Paris, c’est vrai. Les dates, les lieux… Mais parfois, j’ajoute des variantes pour créer le parcours d’Agnès, que ce soit fantastique ou non. C’est le Paris que l’on ne connaît pas forcément. Paris est un personnage à part entière d’Alouette.
Jérôme : Sophie, David, Manhattan, Bath, vous avez adapté ?
Sophie : j’ai ajouté des boutiques ou des petites choses pour les besoins de l’histoire. J’ai seulement repris des monuments historiques. Les humains n’ont pas conscience, pas tous, de l’existence des vampires. Ils sont sous la domination des Anges. Ils doivent se nourrir sans tuer. La ville est pratique pour se nourrir et le « sexvampaffinity ». Dans mon premier tome, il y a des meurtres et une enquête policière débute…
Jérôme : David, ta vision de New-York est celle de la ville que l’on connaît ?
David : Oui, tout est vrai. L’année dernière, j’y suis passé et je suis allé dans un restaurant où j’ai mes habitudes. Le patron est un ami et m’a raconté que des gens achetaient mon livre et retraçaient le parcours de mon héros. Sinon quand mon vampire commence à manger, il ne s’arrête pas. Je n’avais pas le choix, il me fallait être très réaliste pour que mon vampire soit crédible.
Jérôme : Marika, quand tu parles d’un lieu indéterminé, tu as quand même un plan ?
Marika : C’est plutôt un reflet, une projection d’un état d’esprit de mon héroïne, Maeve. Je ne mets pas de détails pour permettre à tout le monde de s’imaginer ses propres détails.
Jérôme : Les lieux influencent sur vos personnages ?
Marika : C’était une première série, je sais pas trop… (S’ensuit un début d’essai d’éclaircissement de sa pensée.)
David : Si vous voulez, à la fin, Marika vend de l’emmental au LSD. (rires)
Marika : Tous les personnages importants sont dans des milieux clos. J’ai une fascination pour les lieux clos.
Sophie : Moi, ça se passe à Paris, mais je ne voulais pas faire un « Paris Tour ». Il y a des endroits qui existent vraiment même si j’ai changé les noms pour moins de transparence. J’ai même calculé les temps de trajet car j’aime que ce soit crédible a contrario de nombreux films et séries. Avec Google Maps et quelques détails, ça facilite pour créer et « tordre » des endroits pour les besoins de l’histoire.
Alice : On a parfois, même souvent, des incohérences d’horaires. C’est super important d’y faire attention quand on écrit sur un pays étranger.
Jérôme : Paris n’est pas un choix anodin…
Jeanne-A : J’ai essayé d’être cohérente pour placer mes créatures en fonction des zones géographiques parisienne. Untel à Montmartre, un autre au Marais… (En fonction aussi de leurs caractéristiques). Il y a des milliers de fantômes à Paris et pour moi, les ramener dans l’histoire, ancre mes histoires.
David : Le côté visite guidée ne m’intéresse pas. Mais plutôt celui de découvrir un nouveau New-York. J’avais envie de raconter la ville dont je suis tombé amoureux il y a 30ans.
Jérôme : Alice, l’influence ? (tentative de modo pour recadrer les échanges.)
Alice : Paris, ce n’est pas anodin puisque j’y habite depuis 127ans. Je me sentais plus à l’aise de l’ancrer à Paris car ce n’était pas le lieu le plus important. Par contre, vu la situation de mon héroïne qui est au Smic, j’ai fait en sorte que son environnement soit crédible. J’aurais pu ancrer mon histoire aux Etats-Unis avec toutes les séries qu’on peut voir, mais ça n’aurait pas été moi. Il fallait que les éléments de mon intrigue soient cohérents avec moi-même.
(Petit passage à vide de la prise de note.)
David : L’histoire de la ville est capitale dans les histoires de vampires car les vampires naissent du drame. De mon côté, on est entre la Guerre de Sécession et l’effondrement des deux tours. L’humanité est en apnée devant ces catastrophes. Ça m’a permis de réexplorer la ville pendant ces laps de temps. Ça fait partie intégrante des blessures des personnages.
Jérôme : Ce que je note pour finir, c’est la grande proximité entre ce que vous avez vécu et ressenti, là vous avez vécu.
J’espère que la retranscription de cette rencontre vous a plus. Elle n’est malheureusement pas exhaustive au niveau de toutes les blagues et toutes les bêtises racontées.
Un très bon moment convivial et joyeux autour de nos « amis » à longues dents !
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