mardi 2 juin 2015 Rencontres

Mercenaires et tueurs professionnels - Les mauvais mecs de la fantasy...

Après l'Antiquité... Les tueurs! Des petites créatrices douces et aimantes sanguinaires et sang-pitié... quoique!

Bon... C'était la conférence que je ne voulais pas rater et malgré une nuit courte et une bonne bouteille de Rully et quelques verres en bonne compagnie d'auteurs, j'étais sur le pied de guerre le samedi matin.

C'est donc sur ces bonnes bases, que je vais vous en livrer le compte-rendu. Ce café-littéraire était animé par Christophe de Jerphanion, avec le concours de Jean-Philippe Jaworski, Fabien Cerutti, Brent Weeks et Paul Béorn.

Mercenaires et tueurs professionnels - Les mauvais mecs de la fantasy...

Christophe de Jerphanion : Bonjour, j'espère que vous allez tous bien ! Je vais vous laisser vous présenter et présenter vos assassins.

Jean-Philippe Jaworski : Benvenuto est un assassin de la Guilde des Chuchoteurs (qui soit dit en passant vérole la  République de Ciudalia et le Sénat), c'est un second couteau pour les basses œuvres du podestat Leonide Ducatore.

Brent Weeks : Durzo Blint est un pisse-culotte, maître du travail dans le sang. Au début, c'est un personnage impitoyable. Se pose la question, peut-on avoir un assassin qui a un sens moral? Blint est à la base un homme bien qui devient un tueur... C'est la question qui m’intéressait.

Fabien Cerutti : Kosigan est un condottiere. C'est le chef qui donne les ordres (la meilleure place, quoi !).  Il faut dire qu'il a fini à la tête d'une compagnie de mercenaires via les aléas de la vie.

Il lui arrive de tuer de sang froid. Mais on sent ses doutes, ses interrogations, il est faillible. Et contrairement à Benvenuto, il n'est pas seul. Le problème, c'est qu'il a des états d'âme et il s'inquiète pour ses hommes. Toutefois, il reste très pragmatique.

Pierre Cordwain de Kosigan a des responsabilités et est, parfois, poussé à faire des choses affreuses.

Paul Béorn : Jal, c'est un type qui est poussé  à faire des sales choses. La question de bon ou mauvais dépasse la question du métier. Il est engagé plus ou moins contre son gré. Mon héros est une sorte d'archétype du "mec qui n'a pas de chance".

Il voudrait être un homme libre. Mais malheureusement, ça devra passer par les armes.

Jean-Philippe : Benvenuto est un vrai criminel avec un vrai parcours de sale type. Il aime remplir les contrats et monter en grade. Pour lui, tuer est véritable moyen de monter, une sorte d'ascenseur social. C'est un vrai sociopathe ! Son côté monolithique vient du fait qu'il est conscient du mal qu'il fait. (Tout à fait charmant...)

Brent : Blint est un pisse-culotte sans sentiments, sans attaches, qui lutte contre lui-même ? Sans en dévoiler trop, on apprend à travers la trilogie qui il est. Mais dans le tome 1, on aperçoit parfois un peu de lumière dans ce personnage très sombre. Par contre ses actions restent le plus souvent opposées à ses pensées.

Christophe : On a l'impression que son inhumanité n'est pas naturelle ?...

Brent : Il essaie de nier des aspects de sa personnalité et de se couper des autres êtres humains. Mais il n'y arrive pas et se rend compte qu'il a tort.

Christophe : Pourquoi cette époque, Fabien ?

Fabien : Dans le Bâtard de Kosigan, nous sommes au début de la Guerre de 100 ans. La question est... Pour qui Kosigan bosse ? C'est un terrain de jeu très intéressant. Pour l'intrigue, je me suis basé sur des éléments clés de la politique anglaise/française.

Le chevalier de Kosigan n'est pas méchant à la base. Mais il doit réussir à exister dans un panier de crabe énorme. Il devient assassin seulement en dernier recours.

"Tuer, c'est dangereux car cela entraîne la vengeance. Tuer quelqu'un, c'est prendre des risques."

Il ne perd pas le nord et se vend au plus offrant. C'est obligatoire! Car dans ce milieu, il faut agir en fonction de "son statut".

Contrairement à Benvenuto, il évolue. (Et paf! ça s'est fait !) Kosigan, dans le tome 2, commence à avoir beaucoup d’ennemis.

Brent : Il aurait dû tous les tuer ! (rires)

Christophe : Paul, votre assassin le vit-il bien ?

Paul : Il faut avouer que tous les tueurs ne vivent pas bien leur condition. Souvent ils sont mal dans leurs baskets.

"Maître assassin, c'est pas bon pour la santé. Ne faites pas ça chez vous !"

Jal voudrait arrêter ce métier, mais il est constamment à devoir lutter contre cette voie/voix du bien. (En plus il est schizo !) Il lutte toujours contre sa nature profonde.

Christophe : Existe-t-il une éthique de l'assassin ? Un code déontologique du tueur ? (Ma question préférée !)

Jean-Philippe : Je pense qu'il y a plutôt des principes. Quand l'assassin n'est pas un psychopathe, c'est un homme d'affaire. En gros... C'est du commerce.

Benvenuto est en CDI de tueur. Sa fascination pour son patron le fait sortir de la Guilde... C'est un perso totalement borderline. Il est partagé entre sa loyauté forcée envers sa guilde et son patron, avec lequel il s'est lié d'amitié. (Amitié au sens ancien du terme, en gros profitable aux 2 parties !)

Il est très loyal, jusqu'à être trompé.

Brent : Blint a plusieurs sortes d'éthiques. On est fasciné par les assassins car l'on pense qu'ils s'en sortent tout le temps. Je voulais montrer qu'un assassin ne s'en sors pas comme ça. Blint est à la limite du TOC, trouble obsessionnel compulsif, à la fin du roman.

Je voulais montrer l'aspect séduisant du tueur, de celui qui résout les problèmes.

"Mais les meurtres, ça abîme l'âme."

Et il ne faut pas oublier que ces tueurs, avant d'en être, ont des vies. On devrait se sentir mal à l'aise d'apprécier ce genre de personnage.

Fabien : Le but, c'est de connaître les groupes et les règles des autres pour pouvoir les utiliser. Kosigan préfère choisir ce qui n'est pas dans sa nature, car c'est ce qu'il connaît. (Oui... Cette phrase est peu claire, mais Fabien Cerutti galérait pour expliquer quelque chose sans spoiler.)

"Je pense que l'on met une petite partie de nous dans nos héros. La société actuelle se reflète dans le caractère de nos héros en osant nous montrer les mauvais côtés de l'âme humaine."

Pour les jeunes, quels héros, quelles valeurs leur montre-t-on? C'est un réel problème...

Paul : Jal est un individualiste et il le prône. Mais le problème... C'est que la magie fonctionne à plusieurs! Il se retrouve donc à protéger une tribu qu'il déteste et qui lui rend bien. Il est lié par un serment et n'a donc pas le choix.

Pour pas devenir fou, il se raccroche à une petite fille qu'il a sauvée. On sent qu'il y a encore de l'espoir pour lui, mais rien de sûr.

Jean-Philippe : Je me suis inspiré des guerres de Florence. C'était absolument... Sanguinolent. Mais j'ai un peu édulcoré. Benvenuto est fasciné par le pouvoir. Il n'hésite pas à vendre son âme pour la réussite. Il est pris dans les intrigues politiques dès le début de Gagner la Guerre (ça lui vaut un superbe nouveau portrait !), inspiré de Machiavel.

"Benvenuto est le bras armé de la raison d'état."

Christophe : Comment devient-on un tueur, une voie ?

Brent : Le 1er meurtre = le 1er témoin = On tue le témoin... Et tout ça entraîne de la culpabilité. Je souhaitais parler des erreurs, des mauvaises décisions que l'on peut prendre. Je voulais rendre la violence plus réelle. Dans les films, on entend et on voit "paf", le coup de pistolet et... Il est mort ! C'est fini. Pourtant en vrai, c'est dégoutant, fascinant... Le maître laisse son apprenti faire ses travaux pratiques (TD pour les connaisseurs.) et se planter. (Après il rattrape le coup évidemment.)

Fabien : Le Bâtard de Kosigan garde le contrôle en essayant de comprendre ce que souhaite ses hommes et à les contenter. Normalement, c'est un vrai chef (rires). Sans sa troupe, il aurait du mal à s'en tirer !

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C'est sur ces dernières considérations que s'est fini la conférences sur les affreux tueurs dans la fantasy, dans les rires et la bonne humeur. Comme quoi, y'a pas besoin de beaucoup !

Maintenant il va falloir que je lise l'Ange de la Nuit et Le 7ème Guerrier Mage pour compléter tout ceci. En avez-vous lu certains ou avez-vous assisté à la conférence ?