mardi 6 décembre 2016 Manga/BD

Vidocq, Le Suicidé de Notre-Dame - Nolane - Banovic

Vidocq, tome 1 : Le Suicidé de Notre-Dame par Nolane

En cet automne 1813, l'Empire de Napoléon vacille, ce qui favorise le crime. À la Préfecture de Police de Paris, au Quai des Orfèvres, une petite révolution a pourtant eu lieu deux ans plus tôt lorsque l'ex-bagnard évadé Vidocq a été nommé à la tête de la toute nouvelle Sûreté, une brigade efficace exclusivement composée de criminels repentis. La Sûreté, et surtout son chef, sont aussi devenus les bêtes noires de certains policiers de la Préfecture, qui, comme l'inspecteur Javert, ne supportent pas les méthodes « borderline » et surtout les résultats de Vidocq, célèbre pour sa mémoire photographique des visages et son spectaculaire talent pour les déguisements. Mais Vidocq, sa notoriété aidant, est vite appelé à démêler des mystères sanglants au-delà des sphères de la pègre. Comme celui du suicide au pistolet en pleine messe à Notre-Dame de Paris d'un colonel baron d'Empire et qui dissimule bien autre chose que la douleur d'un père anéanti par la mort de son fils en Russie.

Nolane - Banovic

Un duo de choc pour une bande dessinée de qualité !

Richard D. Nolane est le pseudonyme principal d'Olivier Raynaud, écrivain, traducteur, anthologiste et scénariste de bande dessinée français résidant pour actuellement au Québec.

Il a commencé à publier en 1973 dans la revue Horizons du Fantastique. A ce jour, il est l'auteur d'une trentaine de nouvelles et d'une centaine de livres et d'albums de BD !

Richard D. Nolane a aussi écrit des essais et des enquêtes sur les serial killers, les OVNIs, les vampires, la cryptozoologie ou les séries télévisées.

Siniša Banović est un auteur et dessinateur de bande-dessinée serbe. Il vit actuellement à Belgrade, où il étudie les Arts Appliqués. Avec son dessin expressif et extrèmement documenté, Il parvient à transposer la vie grouillante de la capitale française en images pleines de vie. Les visages des protagonistes sont réussis, et leurs expressions reflètent parfaitement leur caractère et les rendent vivants, presque tangibles. Sans oublier les décors

Vidocq, de bagnard à chef de La Sûreté

Eugène-François Vidocq, né le à Arras et mort le à Paris, était un aventurier français, successivement délinquant, bagnard puis policier et enfin détective privé. (Qui parle d'un CV chargé ?)
Vidocq demeure une véritable légende dans le monde policier ! Forçat évadé du bagne, as du déguisement, il fut également chef de la police de sûreté, avant de fonder la première agence de détectives privés. C’est le père fondateur de la police judiciaire telle qu’on l’entend encore à notre époque.

Afficher l'image d'origineSuite à un début de carrière peuplé de petits larcins divers et variés, il est condamné le 27 décembre 1796 par le tribunal criminel de Douai à huit ans de travaux forcés pour « faux en écritures publiques et authentiques ». Après plusieurs tentaves d'évasions (bagnes de Brest puis de Toulon), il purge une partie de sa peine et fini à nouveau par s'échapper. Il acquiert de cette façon auprès des gens du milieu un respect et une notoriété sans égale.

Ce n'est qu'en 1809, qu'il propose ses services d'indicateur à la police de Paris et devient "mouton de prison". (C'est à dire espion pour la police.)

En 1811, le préfet le place officieusement (il ne le sera officiellement qu'une fois gracié en 1818) à la tête de la « brigade de sûreté », un service de police dont les membres sont d'anciens condamnés et dont le rôle est de s'infiltrer dans le « milieu ». (Certains parmi vous diront un ramassis de gibier de potence !)
Vidocq est connu comme étant un excellent physionomiste. Il repère, même grimée, toute personne qu'il a préalablement dévisagée. Il excelle lui-même dans l'art du déguisement.

Ses nombreux succès et ses méthodes peu orthodoxes lui apportent autant d'admirateurs que d'opposants. Ses hommes accumulent trois fois plus de captures que les policiers plus classiques entre 1811 et 1827. Ces derniers tentent alors par tout moyen de déstabiliser Vidocq.

C'est à partir de cette vie tumultueuse et romanesque que Richard D. Nolane a écrit cette bande-dessinée. Ce premier tome se déroulant mi-septembre 1913, suite au suicide d'un baron dans la cathédrale Notre-Dame.

Pour la petite anecdote, en 1828,  Vidocq (lui aussi écrivain à ses heures) publie ses Mémoires qui connaissent un grand succès, et qui inspirent notamment à Honoré de Balzac son personnage de Vautrin !

Mon avis

Jouant aussi bien avec l’Histoire (napoléonnienne) qu’avec l’imaginaire qui en découle, Richard D. Nolane construit un excellent tome introductif où il replace, en quelques pages, le contexte de l’époque, rappellant ainsi qui était Vidocq, son passé, ses "techniques" policières, son soutien de la préfecture, son réseau d’agents peu fréquentables mais terriblement efficaces (Le Vicomte, Le Surineur, Dacier), ou encore ses inimitiés avec certains de ses collègues, dont Javert. (On dit Javert ? Serait-ce le même personnage qui inspira Victor Hugo dans Les Misérables ?)            

Après quelques méfaits rondement résolus, la véritable enquête débute avec un suicide qui n’en est pas un. Qui donc se cache sous le nom de Louis de Saint Romain ? Pourquoi se suicider de façon aussi théatrâle dans un lieu de culte et ainsi provoquer un scandale ? Vidocq fidèle à lui-même sent l'entourloupe et décide de tout mettre en oeuvre afin de démêler le fin mot de l’affaire.Travestissement, embauche de Pauline "La main d'or" une demi-mondaine comme appât, tout est permis pour comprendre qui était ce mystérieux suicidé et comment il en est arrivé à ce regrettable (mais définitif) geste.
S'engage alors une enquête qui emmène le lecteur dans les différentes couches de la société, entre noblesse d'Empire et gens du caniveau. Différents repaires historiques sont abordés telle la célèbre campagne de Russie qui fut une véritable débacle.

"Le maréchal Ney soutenant l'arrière-garde" d'Adolphe Yvon

Des personnages haut en couleurs et un héros en marge de la société font de ce premier tome une réussite. Sur fond d'enquête judiciaire, on découvre une époque pas si reluisante que cela, où les inégalités sociales sont toujours très présentes et poussent certains à commettre l'irréparable. (La Révolution Française pas si lointaine n'a finalement pas réglé grand chose.)

Vidocq 01 - Le Suicidé de Notre-Dame Auteur : Richard D. Nolane

Editions : Soleil

Illsutrateur : Siniša Banović

Coloriste : Matteo Vattani

ISBN : 978-2-302-04231-5