On quitte son enfance d’un coup, comme ça, sans crier gare. On n’est plus éternel, on le sait, on laisse sa cabane derrière soi, on devient un homme parfois. L’Ogre est encore petit, il s’est enfui… dans la Grande Forêt. Les adultes parlent d’invasions, de Bombe, de nouvelle guerre. Ses parents attendent la fin du monde en faisant des réserves, toujours les mêmes : riz, sucre, allumettes, huile, boites de conserve…
L’Ogre a décidé de résister, il fuit cet univers de mort et de peur, il s’engage dans l’inconnu fabuleux où il va entrevoir ses vies futures dans le mystère et la solitude.
L’Ogre apprend enfin à vivre, il pourra mourir autant qu’il le voudra, dans les histoires qu’il peut maintenant dresser contre la peur originelle.
Daniel Simon
Né en Wallonie en 1952, Daniel Simon est poète, dramaturge, metteur en scène, nouvelliste et critique littéraire. Professeur d’histoire et de philosophie du théâtre, il fut un pionnier de la théorie et de la pratique des ateliers d’écriture, qu’il continue d’animer en de nombreux pays. Directeur de la compagnie Traverse et de la collection et de la revue Je aux éditions Couleur livres, il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages.
Daniel Simon affectionne le texte bref et le poème en prose. Il écrit sur les courses contre soi et les rétrécissements du temps, les vulgarités ordinaires et les trahisons communes, il écrit aussi à propos de la beauté fugace du monde où il s’est promené longtemps.
Un goût d'enfant perdu à la recherche du Pays Imaginaire
L'Ogre des cabanes, c'est un voyage initiatique et allégorique d'un enfant qui expérimente la traversée de l'enfance et l'âge adulte. Souhaitant échapper à ce monde peuplé de "gros mots", où l'angoisse sourde et les préoccupations des adultes augurent d'un avenir sans joie ni espoir, notre Ogre décide de se réfugier dans sa cabane dans les bois. Un couteau, une gourde, un paquet de biscuit; c'est bon, il est paré !
Douce illusion... Mais nécessaire au processus. On suit la progression de la réflexion de ce jeune garçon à travers les heures qui s'égrènent sous les frondaisons de son abri, le bois à côté de sa maison dans laquelle il a dressé sa cabane. Cette escapade au goût d'interdit lui fera réaliser petit à petit qu'on ne peut échapper au destin. On est obligé de grandir. Mais, parce-que tout n'est pas sombre, on peut réserver une petite place à l'innocence et à l'enfance au fond de son coeur et de son esprit. C'est cela grandir.
L'Ogre des cabanes, c'est un peu le Peter Pan que chacun garde soigneusement caché à l'abri dans les replis de son âme.
Texte résolument poétique l'Ogre des cabanes invite le lecteur à arpenter le chemin de la vie au travers des expériences et des découvertes d'un petit garçon. On perd parfois un peu le fil du récit mais cela n'enlève rien au charme des couleurs et des sensations transmises par la plume de l'auteur.
Concernant Les Fleurs en papier crépon, le style employé est plus direct. Nous retrouvons la mère de l'Ogre sur la plage. Un souvenir que l'on découvre rapidement lors de notre lecture de l'Ogre des cabanes. A la différence de ce premier texte, celui-ci est beaucoup plus léger et représentatif. Bien que toujours poétique, il est beaucoup plus simple de se projeter dans ce souvenir, de s'imaginer la scène et de la ressentir. La fin me laisse toutefois perplexe, mais aussi rêveuse. En y repensant quelques jours après, ce sont mes souvenirs que j'agrège et ma vision de cette traversée dont je me rappelle de manière plus ou moins fictive, un léger sourire aux lèvres.
L'Ogre des cabanes réveille un léger goût de nostalgie et d'enfance lovés au creux de notre coeur.
Si vous avez aimé, découvrez cette petite pépite : Moi, Peter Pan de Michaël Roch.
Auteur : Daniel Simon
Titre : L’Ogre des cabanes suivi de les Fleurs en papier crépon
Editions : Couleur livres
Nombre de pages : 90 pages
ISBN : 978-2-87003-652-5
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