mercredi 20 juillet 2016 Manga/BD

L’Ombre de Shangaï – Le retour du fils – Crépin, Marty & Li Lu

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Shanghai, 1930.

Gaspard Cartier revient de la lointaine Europe où ses parents l’ont envoyé pour soigner sa tuberculose dix ans auparavant. Lila, sa sœur de lait chinoise, espérait le cœur battant retrouver son ami d’enfance, son compagnon de jeu et confident, mais c’est un adolescent hautain et méprisant qui débarque sur le Bund de Shanghai. De plus, Gaspard s’est entiché durant la traversée de Clara, une ado blonde terriblement belle… et manipulatrice.

La rentrée au lycée français promet d’être tumultueuse entre les trois adolescents pris dans ce chassé croisé amoureux, d’autant que depuis le retour de Gaspard, Lila tombe sous l’emprise d’une mystérieuse ombre qui semble sortir de son corps dès que la jalousie et la colère la gagnent.

Cela faisait longtemps que cette série en 6 volumes me tentait, mais je n’avais jamais franchi le pas car j’avais craqué pour une autre bande dessinée des éditions Fei : Le Juge BAO, tome 1, 2 et 3 en version collector.

J’ai finalement eu l’occasion d’acquérir ce premier tome de L’Ombre de Shanghaï via une campagne de financement participatif sur Ulule pour permettre la parution des derniers tomes. Je remercie d’ailleurs les éditions Fei de cette initiative, car il est toujours frustrant et dommageable d’avoir une série incomplète.

Afficher l'image d'origineLes personnages

Nous avons trois personnages principaux dans ce premier tome pour un triangle amoureux pour le moment assez désavantageux pour l’un des protagonistes.

Lila est une jeune chinoise timide et naïve, élevée en occidentale par la famille Cartier. Attendant le retour de son frère de lait avec impatience, Lila se retrouve face à un parfait étranger. Les retrouvailles loin d’être idylliques, l’amertume et l’incompréhension rongent l’âme de notre héroïne. Sans être antipathique, ce personnage manque encore de maturité. Il va falloir qu’elle trouve le courage de s’affirmer et en amour et encore plus dans une société loin d’être égalitaire.

Gaspard, quant à lui, est un parfait goujat. Bien sûr, il a été obligé de partir jeune de sa famille pou pouvoir être soigné, mais son comportement dénote d’un caractère hautain et opportuniste, mâtiné de méchanceté et de rancœur. Il suffit d’une jolie fille pour lui tourner la tête. Certes, c’est un adolescent… La tête à claque du trio.

Au sujet de Clara, ma première pensée a été : »Tiens ! Voilà Nelly Olson ! » (La peste de La petite maison dans la prairie). Jeune fille gâtée et un poil dépravée pour son âge, cette dernière joue de ses charmes très facilement sur Gaspard. Enfin… L’argent ne rachète pas l’intelligence !

Les autres personnages sont plus secondaires, même si les époux Cartier qui ont pris Lila sous leur aile en remerciement d’un service rendu par son père Feng, ont un rôle plutôt important pour expliquer le pourquoi de cette situation.

Ce premier tome est clairement un tome introductif. Il pose les bases de l’histoire et des personnages. J’espère que ceux-ci évolueront et que le lecteur pourra s’attacher à l’un ou l’autre des protagonistes.

 

Une base historique intéressante puisque nous nous trouvons à Shanghaï en 1930, une ville cosmopolite qui accueille aussi bien des chinois, des marchands, des aventuriers de tout poils, que le gotha occidental.

Comme pour les personnages, ce tome pose les prémices des aventures de L’Ombre de Shanghaï et la fameuse ombre n’est seulement qu’entraperçue. Le triangle amoureux est lui, bien posé, sans grand suspense. Le retour du fils nous offre les prémices d’une histoire familiale dans laquelle sont développés rancœur, amertume, et un sentiment de rejet. Toutefois, l’intérêt de cette bande dessinée est aussi de nous dépeindre le choc des cultures, notamment par le biais de l’intégration de Lila, dans une colonie française implanté en Chine.

Le choc des cultures se retrouvent aussi dans cette société chinoise des années 1930 où le modernisme cohabite avec les traditions séculaires chinoises. Un mélange déroutant mais grisant.

Mon avis

Afficher l'image d'origineLa finesse du trait et le traitement des couleurs pastels de Li Lu, ainsi que le scénario de Patrick Marty et Williams Crépin, a ce « je ne sais quoi » qui accroche le lecteur. En effet, le suspense et les mystères sont dosés avec justesse, ce qui est un excellent point. Le petit plus se situe aussi dans l’objet livre très soigné et un bonus des crayonnés des personnages à la fin.

Résultat : on veut savoir la suite !

Ce premier opus introduit différents thèmes dont la cohabitation asie/europe, les relations plus ou moins profondes entre les personnages sans pour autant trop en dévoiler.

L’Ombre de Shanghaï nous présente un problème historique : une colonisation et une appropriation de certains territoires par les pays dit riches et civilisés, accompagnées des moqueries et du rabaissement systématique de la culture dudit pays. Un sujet encore, malheureusement, d’actualité…

Le contexte historique de Shanghai est bien décrit avec toute la splendeur et le raffinement de son époque à l’image des plus grandes villes occidentales. La ville vit, bruisse de milliers de bruits, dégagent des odeurs inconnues, bref, Shanghaï envoute les lecteurs.

Ce premier volume de L’Ombre de Shanghaï est un très bon début de série tant au niveau scénaristique qu’à celui du dessin. (Il y a 6 volumes, série complète)