lundi 7 mars 2016 Littérature

L'Opéra de Shaya - Sylvie Lainé

Bien le bonjour, je suis ravie de vous retrouver pour cette 3ème session des Intergalactiques, l'émission. Vu qu’aujourd’hui, on se met au vert galactique, je vais vous présenter L’Opéra de Shaya de Sylvie Lainé, publié chez ActuSf. (Z’avez de la chance ! Même la couverture est verte !)

L’auteure et faits marquants

Avant toutes choses, je vais vous présenter l’auteure de ce recueil de 4 nouvelles. Sylvie Lainé est une auteure française, professeur en sciences de l'information à l'Université Jean Moulin de Lyon (en gros Lyon 3). Elle dirige également l'équipe ERSICOM (Equipe de Recherche sur les Systèmes d'Information et de Communication des Organisations et des Médias). Elle commence à écrire en 1985 et publie quelques nouvelles remarquées dont "Le Chemin de la Rencontre", qui lui vaut le Prix Rosny aîné en 1986. (Le prix Rosny aîné est un prix littéraire français, décerné depuis 1980, qui récompense les œuvres de science-fiction francophones.) Depuis, elle n’a cessé de publier (avec plus ou moins de régularité) et de récolter de nombreux prix. D’ailleurs, L’Opéra de Shaya a remporté le Grand Prix de l'imaginaire et le prix Bob Morane, ainsi que le prix Rosny aîné 2015 pour la nouvelle éponyme.

L'Opéra de Shaya, un voyage plein de surprises et de sentiments

So-Ann, née dans un vaisseau spatial, a du mal à s’habituer aux coutumes étranges et contraignantes des mondes/planètes où se sont établis les humains. Alors, quand elle entend parler de Shaya, cette planète où la faune et la flore sont en totale empathie avec ses visiteurs, elle n’hésite pas une seule seconde. La faune et la flore de la planète, en plus de susciter un émerveillement permanent de par leur diversité, s’imprègnent de l’ADN de So-Ann pour se recomposer et évoluer. Mais en vérité, qui s’adapte à qui ? Quels mystères se cachent dans ce monde qui semble idéal?

L’Opéra de Shaya est un space-opera envoûtant et magique, accompagné de trois autres nouvelles tout aussi fortes et pleine de sensibilité : - Grenade au bord du ciel - Petits arrangements intra-galactiques - Un amour de sable

Les nouvelles ont toutes pour décor l’espace, et plus particulièrement des planètes sur lesquelles les protagonistes vont nouer le contact avec les autochtones, parfois de façon quasi fusionnelle (l'Opéra de Shaya), et parfois sans même le savoir. Ainsi, dans « Un amour de sable », un géologue prélève du sable pour des examens, ignorant que celui-ci est une créature pensante à part entière et à l’échelle de la planète et que ce dernier va absorber des informations génétiques à l’insu du géologue et ressentir une foule de sentiments très « humains ».

Thèmes abordés

Je l’ai mentionné avant, mais l’Opéra de Shaya est un space-opera. Le space-opera est un sous-genre de la science-fiction caractérisé par des histoires d'aventure épiques ou dramatiques se déroulant dans un cadre géopolitique complexe. C’est dans ce cadre que ce recueil va aborder différentes thématiques : - Écologie (l'Opéra de Shaya, Un amour de sable), - Génétique (l'Opéra de Shaya = absorption ADN), - Échanges avec l’autre, don de soi, compréhension du monde (du moins tentatives), quête désespérée de l’amour (plus ou moins consciente des protagonistes).

De plus, j’aimerais faire remarquer la couverture superbe de Gilles Francescano qui reflète très bien l’esprit du recueil : symbiose/absorption, humain/nature ou planète. Ensuite Sylvie aborde de façon très délicate des sentiments souvent très forts et il faut avouer que ce n’est pas une mince affaire de retranscrire des émotions et d’arriver à les faire vivre aux lecteurs. De plus, les préoccupations écologiques de chaque nouvelles sont fortes et engagées sans pour autant être moralisatrices. Enfin, chaque nouvelle est travaillée et offre, à sa manière, matière à réflexion sur des thèmes liés à la communication, ou plus généralement à l'échange avec l'autre.

Afficher l'image d'origine

 

Titre : L'Opéra de Shaya

Auteur : Sylvie Lainé

Éditions : ActuSf

Illustrateur : Gilles Francescano

 

Pour voyager un peu plus

Planètes de Makoto Yukimura chez Panini – 4 tomes (L’action se situe dans un futur proche. En 2075, un groupe d’astronautes expérimentés travaille à la récupération des débris en orbite autour de la Terre.)

La Fille Automate de Bacigallupi chez J’ai Lu. (La sublime Emiko n'est pas humaine. C'est une créature artificielle, élevée en crèche et programmée pour satisfaire les caprices décadents d'un homme d'affaires de Kyoto. Etres sans âme pour certains, démons pour d'autres, les automates sont esclaves, soldats ou jouets pour les plus riches, en ce XXIe siècle d'après le grand krach énergétique, alors que les effets secondaires des pestes génétiquement modifiées ravagent la Terre et que les producteurs de calories dirigent le monde. Qu'arrive-t-il quand l'énergie devient monnaie ? Quand le bioterrorisme est outil de profit ? Et que les dérives génétiques font basculer le monde dans l'évolution posthumaine ?)

Vent d'est Vent d'ouest de Frank Robinson aux éditions Le Passager Clandestin (En 1972, Frank M. Robinson imagine un monde où la passion automobile l'emporte sur le besoin de respirer. Dans un futur proche, les voitures à essence sont bannies depuis longtemps et les rares récalcitrants s'exposent à la peine maximum. Comme le reste du monde, cette mégalopole américaine étouffe jour après jour un peu plus sous le poids de la pollution atmosphérique. Malgré tout, la vie continue et les entreprises locales le Ramassage Sanitaire, les Aciers Oberhausen et l'Office Municipal de l'Energie poursuivent leurs activités ultra-polluantes. Jim Morrison, employé attaché à l'organisme Air Central, pourtant garant de la qualité de l'air, ne peut que constater son impuissance. D' ailleurs, la traque qu'il livre à ce mystérieux nostalgique de l'ère automobile a-t-elle encore un sens ?)